Focus sur un éclat

Comme un boomerang est une exposition d’art contemporain présentée au Chronographe et conçue en collaboration avec le Frac des Pays de la Loire et le pôle de recherche archéologique de Nantes Métropole. L’exposition propose d’explorer les liens que peuvent partager l’art contemporain et l’archéologie, en écho au parcours permanent du Chronographe, implanté sur le site antique de Ratiatum. Vingt-trois œuvres d’artistes internationaux issues de la collection du Frac des Pays de la Loire sont ainsi présentées du 9 février au 12 mai 2019 au sein de ce centre d’interprétation archéologique.

Jim Hodges, Untitled, 1997. Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire. Crédit photographique : Fanny Trichet
Pour réaliser cette œuvre, Jim Hodges a détruit un miroir puis l’a reconstitué minutieusement en rassemblant les morceaux brisés sur une toile. L’idée du miroir lui serait apparue durant un vol en avion, où légèrement angoissé comme à son habitude, ses pensées le conduisent à se rappeler des amis disparus. L’image du miroir s’impose alors à lui de manière « fulgurante ». Comme dans un rêve, il projette sa destruction et l’associe alors à un puissant sentiment de libération et de sérénité.
Dans l’histoire de l’art, le miroir est une vanité de l’existence. En brisant ce miroir, l'artiste fait ainsi voler en éclat ce symbole du temps qui passe. Le miroir et notre reflet plus ou moins fidèle nous renvoient également à notre rôle de spectateur / acteur, de « faiseur d'images » pour reprendre un principe cher à Marcel Duchamp. Le miroir figure le passage entre le vrai et le faux, le devant et le derrière, la réalité et la fiction.

Comme un boomerang, Œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire. Crédit photographique : Fanny Trichet
Cette symbolique peut être transposée aux restitutions archéologiques qui, à partir d’hypothèses, font revivre des éléments disparus. Ce miroir recomposé peut également rappeler les matériaux trouvés en fouille et qui nécessitent le plus souvent un travail de ré-assemblage. L'artiste, comme l'archéologue proposent alors une image recomposée susceptible d'éclairer le passé ou le présent. Dans l’exposition, le miroir propose un nouveau point de vue sur l’exposition en créant ainsi une mise en abîme.
L’écoulement du temps, la vulnérabilité de l’existence et son équilibre ténu sont au centre de l’œuvre de Jim Hodges. Non pas qu’il cultiverait la mélancolie ou le désespoir ; au contraire. Avec une conscience optimiste célébrée malgré une grande perméabilité entre son univers intime, où la douleur est présenté, et l’espace public, le présent indexé par l’artiste est là pour encenser plus encore la force de la vie.
Pour aller plus loin
Exposition Love, etc. de Jim Hodges au Centre Pompidou en 2010.
Du pareil au même ? - Frac des Pays de la Loire - Comparaison entre Untitled de Jim Hodges et China Green de Udo Koch
Stephen Friedman Gallery (en anglais)