Jusqu’au début des années 1970, une église dont l’architecture comportait des appareils de terres cuites caractéristiques du premier Moyen Âge s’élevait au sud de la cure du 17e-18e s., à l’emplacement du square Abbé Derideau actuel. Elle fut rasée suite aux dégâts de la foudre et un nouvel édifice reconstruit plus à l’est : l’église Saint Médard. Un premier diagnostic mené en 2024 avait démontré le potentiel d’étude du site de la cure et la bonne conservation des vestiges, suscitant la prescription d’une fouille par les services de la DRAC sur l’emprise du projet de rénovation. Les vestiges mis au jour retracent les puissantes maçonneries à ressauts et contreforts du sanctuaire ainsi que quelques sépultures médiévales attestant d’un cimetière attenant à cet édifice. L’actuelle fouille archéologique préventive comprendra aussi l’étude du bâti du presbytère de la période moderne.
Les archéologues de Nantes Métropole étudient principalement les vestiges du monastère qui jouxtait la vieille église au début du Moyen Age (10e s.). Connue par les sources historiques conservées, la création d’une première communauté monastique est documentée au début du 9e s. à Doulon, ainsi que les péripéties de ses dévolutions successives jusqu’à tomber aux mains de l’Abbaye de Marmoutier au 12e s. C’est très probablement ce premier noyau monastique qui a entraîné la création d’un petit bourg puis la paroisse médiévale autour de son église et du cimetière.
Unique dans la région nantaise et rare à l’échelle nationale, cette fouille offre l’opportunité de découvrir le quotidien, le cadre de vie et l’environnement d’une communauté monastique à la période carolingienne.
Les recherches en cours ont notamment permis la découverte de murs et de sols appartenant aux bâtiments construits au nord de l’église dès le début du Moyen Âge. Un bâtiment parallèle à l’église pourrait correspondre à la galerie périphérique d’un premier cloître élevé au nord du sanctuaire. La qualité de la construction en petit appareil et les sols de mortier de chaux démontrent le statut privilégié de cet ensemble architectural. Des sépultures sont associées à ces constructions et constituent de précieuses sources d’informations sur la vie quotidienne des doulonais, ainsi que sur les pratiques funéraires de ce cimetière monastique devenu paroissial au cours du Moyen Âge.
D’autres murs, plus tardifs, soulignent la continuité de l’occupation du site jusqu’à nos jours. Leurs modes de construction (mortier d’argile, remploi des matériaux médiévaux) bien distincts de ceux des phases antérieures ainsi que le changement d’orientation des bâtiments révèlent une réorganisation du site et son probable changement de statut. Il faut peut-être y lire la transition entre l’espace du cloître monastique et la cour de la cure paroissiale jouxtant l’église et le cimetière.
Des témoignages de la vie quotidienne des occupants vont être étudiés : les sols conservés livrent des fragments d’objets en céramique illustrant la vie quotidienne domestique et religieuse, et des ossements animaux témoignant de la consommation alimentaire.