Des quais antiques sur la Loire


Les traces d'une activité portuaire

Le port romain de Ratiatum n’est plus visible aujourd’hui et le bras de Loire qui le desservait n'existe plus. Les rives de la Loire se trouvent actuellement à près de 500 mètres au nord. Les vestiges découverts lors des fouilles menées entre 2005 et 2016 sur le site Saint-Lupien ont permis de localiser l’emplacement des quais de ce port, matérialisés sur le site par des structures de bois.

En 2010, les fouilles autour de la chapelle révèlent une partie du port antique de Ratiatum. Ce quai portuaire monumental en bois et en pierre date de la fin du 1er siècle après J.-C, et est aujourd’hui en grande partie démonté pour les besoins de la recherche. Un long mur parallèle à la Loire et des plates-formes de chargement et déchargement sont construits à la fin du 1er siècle. Ces quais, régulièrement entretenus, contribuent au développement économique de Ratiatum. L'ensablement progressif de la Loire conduit petit à petit au déclin de l'activité portuaire.

Sous Rezé, Ratiatum


Une ville romaine en sous-sol

En 1636, un érudit voyageur, Dubuisson-Aubenay, fait le rapprochement entre la ville de Rezé, alors nommée Rezay, et la Ratiatum identifiée par le géographe grec Ptolemée au 2e siècle. Ainsi débute une enquête qui mobilise tour à tour les savants du 19e siècle, les archéologues amateurs dans les années 1960 et 1970, puis les premiers représentants de l'archéologie professionnelle dans les années 1980. Tous confirment cette intuition première : sous Rezé se trouve une ville romaine, dont la fondation est intervenue quelques décennies après la conquête des Gaules.

Premières campagnes de fouille

Le site de Saint-Lupien a fait l'objet de plusieurs campagnes de fouilles depuis les années 1960.

Jusqu'aux années 1980, la ferme établie sur le site a préservé le lieu d'éventuels projets immobiliers et destructions du sous-sol. Ce quartier de Ratiatum est actuellement le plus connu de la ville, grâce aux fouilles menées depuis les années 1980. Les vestiges visibles sont ceux du quartier portuaire, organisé au 2e siècle après J.-C. selon un plan régulier avec entrepôts et boutiques. Les archéologues ont une vision partielle des échanges commerciaux sur le port de Ratiatum. Les objets retrouvés, souvent en céramique, permettent de retracer les provenances des produits importés, comme l'huile, le vin, la sauce de poisson, la vaisselle...

Par contre, il est difficile de savoir ce qui était exporté et de déterminer précisément les circuits commerciaux de ces marchandises. Les vestiges valorisés soulignent l'emplacement des bâtiments antiques et infrastructures du quartier portuaire de Ratiatum.

Des bornes d'interprétation accompagnent la promenade sur le site et permettent au visiteur de se repérer et se projeter dans le quartier portuaire antique. Le Chronographe s'inscrit dès son ouverture dans un projet de valorisation des vestiges stabilisés à l'issue des fouilles et conservés dans le sous-sol. Cette valorisation s'échelonnera sur plusieurs saisons et révélera progressivement l'étendue des vestiges du quartier portuaire de Ratiatum.

Campagnes de fouille

Un projet de recherche et de valorisation

À partir des années 1980, la ville de Rezé, sous l'impulsion de l'association des Amis de Rezé, devient propriétaire de la chapelle Saint-Lupien et du site. En 1986, le sous-sol de la chapelle est classé monument historique. La ville soutient activement la recherche archéologique, jusqu'à créer en 2004 un poste d'archéologue municipal. Depuis 2005, une équipe de recherche pluridisciplinaire met en oeuvre une programmation de fouilles archéologiques sur le site Saint-Lupien. Elle associe l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), le CNRS et l'université de Nantes.

En 2011, la découverte –majeure– d'un quai monumental construit à la fin du 1er siècle de notre ère confirme le caractère exceptionnel du site. D'abord envisagé à l'échelle régionale, le programme de fouilles intègre une dynamique de recherche nationale et européenne. Rezé est ainsi le principal site fouillé à l'échelle régionale et le premier chantier école de l'université de Nantes.

De 2005 à 2016, plusieurs centaines d'étudiants se sont succédé sur le chantier ; les recherches ont mobilisé de très nombreux spécialistes, issus de différents laboratoires : Universités de Nantes, Rennes, Bordeaux, Poitiers, La Rochelle, Bretagne Sud, Bourgogne Franche- Comté, Maine, CNRS, Dendrotech, Arc'Antique, Xylotree, Evrika… En parallèle de ces fouilles, la Ville de Rezé développe des actions de médiation auprès des publics, en particulier scolaires, et initie le projet d'un Centre d'Interprétation et d'Animation du Patrimoine (CIAP) à Rezé.